La rétrospective polaire – Une exposition islandaise au Groenland, l’histoire du plus important courant océanique et le Nunavut à l’honneur
La rétrospective polaire se penche sur des histoires récentes relatives aux régions polaires du monde. Cette semaine, nous nous intéressons à une exposition d’un artiste islandais au Groenland sur la ligne de crête entre l’art et la science, à une nouvelle étude retraçant 800 000 ans d’interaction entre le climat et l’océan dans l’océan Austral et à une série Netflix qui se déroule dans une communauté inuit.
La Rétrospective Polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.
Anna Lindal à Ilulissat : une glaciologie sensible en coulisses
Samedi et dimanche derniers, le centre d’art et de science ILLU d’Ilulissat a accueilli une exposition de l’artiste islandaise Anna Lindal. Une série de tracés associe sa démarche artistique à celle des expéditions de la Société de glaciologie sur le glacier Vatnajökull.
Des pièces de tissu brodées reproduisent des cartes topographiques sur lesquelles on peut voir les lignes d’une baignade. En 2013, l’artiste s’est immergée dans les lacs de la caldeira de Grímsvötn, située sur le glacier, après une avalanche. L’eau était à 0°C et l’air à 5°C.
« Nous pouvons expérimenter avec la nature en utilisant différentes méthodes », explique-t-elle. « L’un des principes de ce travail est d’utiliser mon corps comme un outil de mesure. »
D’autres œuvres font écho aux pérégrinations des géologues sur le glacier. Plus linéaires, imprimées sur papier, elles montrent l’activité scientifique d’un œil plus détaché. C’est comme si l’artiste s’était glissé dans la peau d’un ethnographe racontant une histoire en trajectoires.
Les formes méthodiques proviennent de mesures de l’épaisseur du glacier. Les formes plus aléatoires ressemblent à des piétinements près du camp. Les caractéristiques de la pensée ?
L’un des mouvements les plus purs de la série est un aller-retour, produit par la découverte d’un affleurement de roche resté sous la glace pendant des milliers d’années. « Il s’agit d’une marque évidente du changement climatique », commente-t-elle.
Dix ans après sa première exposition au musée d’art d’Ilulissat, Anna Lindal est de retour dans cette ville, à l’ILLU Center of art and Science, poursuivant son travail entre les deux îles, séparées par la mer et reliées par le cercle arctique : l’Islande et le Groenland. C.L.
Comment le courant circumpolaire antarctique a réagi aux changements climatiques au cours des 800 000 dernières années
Une équipe de recherche internationale dirigée par l’Institut Alfred Wegener (AWI) a reconstitué la façon dont le courant circumpolaire antarctique a réagi aux changements climatiques au cours des 790 000 dernières années, en utilisant des carottes de sédiments marins. Ces nouvelles découvertes devraient permettre d’améliorer la précision des modèles climatiques.
Le courant circumpolaire, qui est le courant océanique le plus puissant de la planète, relie l’océan Atlantique, l’océan Pacifique et l’océan Indien. Il influence le transport de la chaleur et des nutriments à l’échelle mondiale, le cycle du carbone dans les océans et la circulation de retournement à l’échelle planétaire.
L’analyse de carottes de sédiments provenant du courant du cap Horn, au large des côtes du Chili méridional, révèle un schéma qui s’étend sur huit cycles glaciaires de la fin du Pléistocène : lorsque la surface de la mer dans l’océan Austral se réchauffe, le courant circumpolaire s’intensifie. En revanche, lors des phases plus froides, il s’est affaibli.
In addition, the study confirms a climatic interplay between the Northern and Southern Hemispheres – known as the « bipolar seesaw »: as the Southern Ocean warmed, the North Atlantic cooled, likely as a result of changes in the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC). Ce schéma s’est produit non seulement au cours du dernier cycle glaciaire, mais il est resté stable au cours des 800 000 dernières années.
Ces résultats apportent de nouvelles preuves des fortes interactions entre l’océan Austral, la circulation atlantique et le dioxyde de carbone atmosphérique. Le courant circumpolaire a toujours joué un rôle clé dans l’échange de masses d’eau entre les bassins océaniques et a influencé de manière significative l’échange de carbone entre l’océan et l’atmosphère.
Ces tendances à long terme se manifestent à nouveau aujourd’hui : l’océan Austral se réchauffe de manière mesurable, le courant circumpolaire s’accélère, tandis que la circulation de retournement de l’Atlantique s’affaiblit. J.H.
‘North of North’ débarque enfin chez vous
Depuis le 10 avril, la série North of North (ou Chronique Arctique dans la version française) est enfin disponible à l’international sur la plateforme de streaming Netflix. De quoi réjouir les aficionados polaires et les curieux tant la série offre un regard à la fois franc et humoristique sur une communauté inuit.
Siaja (Anna Lambe) vient de quitter son nombriliste de mari. Avec sa fille Bun (Keira Cooper), elle vit désormais chez sa mère et tente de se construire un avenir au sein de la ville fictive d’Ice Cove dans le Nunavut canadien. Pas facile toutefois dans cette communauté de 2 000 âmes de se faire une place quand tout se sait.
Tournée à Iqualuit au Nunavut, cette série est sortie en janvier dernier sur le Netflix canadien où elle a rencontré un joli succès, avant d’être incluse dans le catalogue mondial de la plateforme.
Écrits et produits par Alethea Arnaquq-Barie et Stacey Aglok MacDonald, les huit épisodes de North of North offrent des dialogues savoureux ponctués d’inuktitut et présentent une communauté inuit à travers une galerie de personnages drôles et attachants, loin des clichés.
Une véritable pépite, North of North permet de combler un vide tant les récits sur les Inuit et par les Inuit sont rares dans les films ou dans les séries. À découvrir d’urgence. M.B.