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Rétrospective polaire – Une ambition polaire chahutée, les data d’un mégaberg et la biosécurité en Antarctique

Polar Journal AG Team 7. avril 2025 | Antarctique, Arctique

La rétrospective polaire se penche sur des événements récents relatifs aux régions polaires du monde entier. Cette semaine, nous nous intéressons au pilotage de la stratégie polaire de la France, aux planeurs sous-marins qui recueillent des données sur un mégaberg et à une recherche qui démontre l’efficacité des mesures de biosécurité.

La station Dumont-d’Urville est un centre logistique pour la science antarctique, dont dépendent les observatoires internationaux, les programmes australiens et coréens, ainsi que les ambitions polaires de la France. Elle est située dans une zone de l’Antarctique où il y a peu de densité de stations et donc peu d’observations. Photo : Bruno et Marine Cusa / Institut polaire français

La Rétrospective Polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.

Stratégie polaire française : gagner l’interministériel et obtenir un budget

La France est le 8e producteur de connaissances sur les régions polaires et son institut polaire est le deuxième plus important. Photo : Camille Lin

Amiral, scientifiques, députés… Le 2 avril à Paris, le groupe d’étude parlementaire sur la stratégie polaire française, piloté par les députés Jimmy Pahun et Clémence Guetté, s’est réuni à l’Assemblée nationale pour sa séance annuelle d’information et d’échanges avec les acteurs du monde polaire.

Une étude prospective menée par 50 chercheurs a précisé les objectifs de financement des sciences : cent millions d’euros d’ici 2030. A cela s’ajoutent les défis budgétaires auxquels est confronté l’Institut Polaire Français, qu’il s’agisse du fonctionnement annuel ou des projets de rénovation des stations scientifiques. « Nous devons consolider l’Institut polaire français pour affirmer nos ambitions », a déclaré Anne Choquet, présidente du Comité national français pour les recherches arctiques et antarctiques.

Or, le rêve polaire français, bien qu’internationalement reconnu, a du mal à passer « la barrière ministérielle de la Recherche », remarquait Laurent Mayet, du think tank Le Cercle polaire, à la suite de l’allocution de l’ambassadeur des pôles, Olivier Poivre d’Arvor, qui n’a pas mâché ses mots. « Nous ne sommes pas cohérents, il nous faut un Comité interministériel des pôles », a-t-il déclaré, regrettant la difficulté de pouvoir s’entretenir avec le Premier ministre et rappelant que les pôles ne concernent pas seulement les défis de lutte et d’adaptation au changement climatique, mais également les enjeux liés aux ressources de l’Arctique et aux routes maritimes.

Structuration du pilotage de la Stratégie polaire française, mais aussi financement. Éric Coquerel, président de la commission des Finances à l’Assemblée, estime que pour le budget de la science, de l’institut et de la reconstruction, « cela se trouve certainement si on pense que c’est essentiel », soulignant que la discussion d’une loi de programmation polaire à l’Assemblée est indispensable pour croire au milliard annoncé par le président Macron en 2023. C.L.

Des planeurs sous-marins recueillent pour la première fois des données directement à partir d’un mégaberg en train de fondre

L’un des robots planeurs sous-marins est prêt à collecter des données sur l’iceberg géant A-68a en février 2021. Photo : Alice Marzocchi

La fonte des icebergs géants – appelés mégabergs – peut modifier radicalement la température, la salinité et les niveaux de nutriments des océans dans leur voisinage. Une nouvelle étude publiée vendredi dans Nature Geoscience fournit les premières mesures directes des environs immédiats d’un iceberg aussi colossal, offrant ainsi un aperçu sans précédent de ces processus.

Une équipe de recherche internationale dirigée par le British Antarctic Survey (BAS) a saisi une occasion rare en février 2021, lorsque l’iceberg A-68a – alors le plus grand du monde – a dérivé près de l’île subantarctique de Géorgie du Sud. À bord du RRS James Cook, exploité par le National Oceanography Centre (NOC) du Royaume-Uni, ils ont déployé deux planeurs sous-marins autonomes pour recueillir des données à proximité de l’iceberg lui-même.

Malgré les conditions difficiles – un planeur a été perdu et l’autre temporairement piégé sous la glace – la mission a permis d’obtenir des données précieuses sur la température, la salinité, la chlorophylle (un indicateur de la productivité biologique) et les particules en suspension. Les observations ont révélé que l’eau de fonte de la face inférieure de l’iceberg érode ce que l’on appelle « l’eau d’hiver », une couche distincte formée lorsque les eaux chaudes de l’été recouvrent les couches froides de l’hiver.

Cette érosion permet aux eaux profondes riches en nutriments de remonter vers la surface, ainsi qu’aux eaux de fonte chargées de minéraux contenant du fer et de la silice provenant de l’iceberg lui-même. L’afflux de nutriments qui en résulte stimule la croissance du phytoplancton, qui est à la base du réseau alimentaire de l’océan Austral.

« En mélangeant ces couches océaniques – qui sont normalement très stables pendant l’été antarctique – la température de l’océan, sa salinité et la quantité de nutriments sont modifiées. En fin de compte, cela influe sur la quantité de chaleur et de carbone échangée entre l’océan et l’atmosphère », explique Natasha Lucas, océanographe physique au BAS et auteure principale de l’étude.

Le changement climatique augmentant le nombre de mégabergs, il est de plus en plus urgent de comprendre leur impact. Les chercheurs ont également recueilli récemment des échantillons de A-23a, un autre iceberg massif qui s’est échoué près de la Géorgie du Sud au début de l’année. J.H.

La biosécurité paie en Antarctique

Avec un nombre de visiteurs en constante augmentation, l’Antarctique et les îles subantarctiques sont de plus en plus exposées aux espèces non indigènes. Photo : Butterfly voyages / Wikicommons

Une étude récemment publiée dans AGU Advancing Earth And Space Sciences montre que les politiques en matière de biosécurité sont efficaces en Antarctique. Une équipe de scientifiques s’est en effet penchée sur plus d’un siècle de données relatives à l’introduction d’espèces non indigènes en Antarctique et dans les îles subantarctiques.

Et les résultats sont encourageants : si de nombreuses régions antarctiques ont vu des espèces non indigènes s’installer, le taux de nouvelles introductions a ralenti ou est resté stable au cours de ces dernières années dans la plupart des régions antarctiques et subantarctiques.

C’est en particulier le cas pour les îles subantarctiques où les espèces non indigènes arrivent lentement. Toutefois, la péninsule Antarctique connaît une introduction accrue d’espèces, probablement à cause du réchauffement climatique, d’un nombre grandissant de visiteurs et de mesures de biosécurité appliquées de manière inégale, selon les chercheurs.

Alors que le coût de ces espèces envahissantes se chiffrent à des milliards de dollars chaque année, la prévention demeure plus efficace et moins chère que l’éradication, démontrant l’importance des politiques de biosécurité et d’une mise en œuvre stricte de ces mesures. M.B.

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